Juin 2003
José Bové cueilli dans son lit

Le leader de la Confédération Paysanne a été arrêté le 22 juin à 6h du matin dans sa maison du Larzac pour être transféré, par hélicoptère, à la prison de Villeneuve-les-Maguelone (34). Cette opération menée en 20 minutes (avec l?appui de 80 gendarmes mobiles) a pris tout le monde de court, Bové lui-même, mais aussi ses compagnons qui avaient prévenu qu?ils s?opposeraient à son incarcération. Le fait est que le syndicaliste savait l?imminence de son arrestation. Condamné à 10 mois de prison ferme pour l?arrachage de plants de riz transgénique au Cirad de Montpellier, en juin 99, il avait refusé de se rendre à la convocation du juge pour discuter de l?aménagement de sa peine (lire Objectif n°33). Ce faisant, il rendait sa sanction exécutoire. D?où ce propos du ministre de la Justice : ?M. Bové s?est mis lui-même dans cette situation?? Alors que de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer la méthode d?arrestation, son avocat, Me Roux, annonçait son intention de porter plainte pour ?violation de domicile?. Le ministre de la Justice, lui, n?excluait pas une grâce présidentielle le 14 juillet. Dans cette attente, de nombreuses manifestations de soutien ont été organisées dans toute la France, y compris devant la prison héraultaise.
BRL gérer la pénurie d?eau

Alors que partout en France des mesures ont été mises en place en juin pour limiter la consommation d?eau et l?arrosage, les zones irriguées dans notre région par la société BRL - grâce à l?eau du Rhône et des 9 barrages gérés par la Compagnie - ont traversé sans restriction cette période de grande chaleur. Depuis le mois de mai, les ouvrages gérés par BRL ont ainsi fourni l?eau nécessaire pour que les agriculteurs rattachés à ses réseaux (40 000 hectares irrigués) puissent produire fruits et légumes arrivés à maturité en avance du fait de la canicule. Ces ouvrages fournissent aussi l?eau dont les villes, les stations du littoral, les professionnels du tourisme (camping, golfs..) et les particuliers ont besoin. Pour répondre aux demandes, BRL dit avoir fourni, en un mois et demi, ?plus de 24 millions de m3 d?eau, soit l?équivalent d?un an de consommation d?eau potable d?une ville de 150 000 habitants?. Un chiffre en augmentation de 46% par rapport à 2002 (+ 7,5 millions de m3 produits en plus par rapport à 2002)
Un nouveau partenaire pour Air Litoral

Alors que Marc Dufour, P-DG d?Air Littoral, a formellement démenti, fin juin, l?hypothèse d?un dépôt de bilan annoncé par un journal parisien, la compagnie était toujours dans l?attente de l?arrivée d?un nouvel investisseur dans son capital. Parmi les noms évoqués, l?un des plus sérieux semblait être celui du numéro un du transport maritime français, la CMA-CGM, qui souhaite depuis plusieurs mois se diversifier dans l?aérien. A l?heure où nous mettions sous presse, la compagnie maritime étudiait encore le dossier confié à la banque Edmond de Rotschild, mais les discussions étaient suffisamment avancées pour ne pas évoquer cette hypothèse. Concrètement, Marc Dufour pouvait céder une partie de ses actions afin de trouver les 30 M? qui manquent pour assurer le développement de la compagnie. Selon plusieurs proches du dossier, le réalisme dont a fait preuve le P-DG depuis son retour en 2001 à la tête de l?entreprise rassurerait les investisseurs échaudés par l?opacité qui règne dans le secteur. CMA-CGM avait d?ailleurs déjà montré son intérêt pour Air Littoral, qu?elle souhaitait intégrer dans une stratégie dans laquelle Virgin Express serait aussi partenaire, afin de reprendre d?anciens créneaux laissés par Air Lib. Marc Dufour n?a en effet jamais caché que l?entrée d?un nouveau partenaire était ?vitale? pour Air Littoral qui connaît une situation de trésorerie très tendue. Néanmoins, la compagnie aérienne maintient son cap. Certes elle a annoncé fin juin l?arrêt de deux de ses vols au départ de Nîmes pour Paris (6h30 et 14h35), mais le développement de son activité est incontestable depuis l?ouverture des lignes vers l?Algérie et le Maroc. La saison estivale devrait permettre à la compagnie de réaliser un CA de 240 M?, en progression par rapport à 2002 (215 M? de CA pour 40 M? de pertes). Sur le plan judiciaire, M. Dufour ne désespérait pas de récupérer les 30 M? que lui doit Swissair depuis sa faillite. Plus localement, enfin, ses relations avec le maire de Montpellier se sont réchauffées grâce à une rencontre intervenue fin juin et destinée à évoquer les modalités d?une aide de la Communauté d?Agglo à Air Littoral.
BTP, s?organiser face aux gros chantiers

D?ici à la fin de la décennie, ce sont pas moins de huit grands projets d?infrastructure de transport (dans le domaine routier, ferroviaire et du transport urbain*) qui devraient être finalisés dans la région. Une dynamique qui devrait entraîner, pour le secteur des travaux publics, une hausse d?activité de 25 % en moyenne sur 7 ans. Le montant total des travaux est estimé à 2 700 M?, soit deux fois le CA annuel des entreprises de TP. Si ces perspectives apparaissent favorables pour l?économie régionale, quelques difficultés se profilent pourtant, et notamment en termes de main-d??uvre. La cellule économique régionale a ainsi chiffré à 4 800 le nombre de personnes supplémentaires (encadrements et ouvriers) nécessaires pour mener à bien ces chantiers. Mais le secteur a vu ses effectifs chuter de 2 à 3% / an durant les 5 dernières années ! Aussi, afin d?attirer des jeunes et des chômeurs à se former dans cette activité, la cellule économique BTP, lancera-t-elle une campagne de communication à partir d?octobre. Reste que d?autres difficultés pointent également à l?horizon. Pour les différents chantiers, 78 millions de tonnes de granulats devront être acheminées par 3 000 camions qui sillonneront les routes du Gard et de l?Hérault tous les jours à partir de 2005. Des embouteillages sont donc à prévoir, mais aussi, semble-t-il, un risque de pénurie de granulats d?ici 2007, année de conjonction de l?ensemble des travaux. Raison pour laquelle il faudra sans doute ?envisager l?ouverture d?un ou deux nouveaux sites d?extraction, ainsi que l?extension de certaines carrières dans l?Hérault?, laisse entendre Michel Maindrault, directeur de la cellule économique du BTP. Si quelques incertitudes demeurent, une chose semble toutefois acquise : les engins de chantier ne quitteront pas le paysage régional avant plusieurs années encore !
Marcoule : le rédacteur Phénix reprend du service.

Le 15 juin, à 0h30, après cinq ans d?interruption, le c?ur du réacteur à neutrons rapides de Marcoule s?est remis à battre. Créé en 1974, ce prototype de réacteur Phénix avait été mis en sommeil fin 1998 pour des raisons de sécurité et de politique. Doté d?une technologie révolutionnaire par rapport aux autres centrales, il ne trouve d?équivalent qu?au Japon et en Russie. Selon le Commissariat à l?énergie atomique, l?intérêt de ce réacteur résiderait dans sa capacité à ?réduire la radioactivité de plusieurs décennies?, voire de détruire certains types de déchets nucléaires. Mais la puissance utilisée pour le traitement dégage beaucoup de chaleur, une énergie reconvertie en électricité, par le biais d?une turbine et d?un alternateur. Durant les cinq années de suspension de l?activité, Phénix a été révisé et équipé aux nouvelles normes. 300 entreprises ont d?ailleurs été impliquées dans les travaux : une partie mécanique, pour réviser ou refaire l?appareillage ; une partie génie civil et travaux publics pour la solidité du bâtiment et la résistance aux séismes. Le feu vert donné par l?Autorité de sûreté nucléaire pour la remise en service prévoit que Phénix ne fonctionne qu?aux 2/3 de sa puissance, ?une capacité suffisante pour réaliser les expériences de transmutation prévues dans le cadre de la loi de 1991?, précise Gilles Richard (CEA/Marcoule). Phénix génère actuellement 270 emplois internes, dont 80% du CEA (recherche) et 20% d?EDF (électricité).
Les crédits européens mieux utilisés

Les fonds européens du programme Objectif 2, destinés à soutenir la reconversion économique et sociale des régions en difficulté, sont de plus en plus sollicités par les porteurs de projets. C?est le constat dressé par les membres du comité de suivi, réunis fin juin à Montpellier. En Languedoc-Roussillon, ces crédits représentent près de 316 M? pour la période 2002-2006. Mi-mai, un tiers de ces fonds était programmé à la suite de l?instruction de 2 833 dossiers. Une accélération des procédures qui tient à différentes simplifications mises en place par le Gouvernement et la Commission européenne afin de relancer la consommation des crédits européens. Le tableau de bord de la DATAR classe d?ailleurs notre région à la 2e place au niveau national pour le taux de crédit européens mandatés (payés aux porteurs de projets). Mais Jaques Blanc a plus d?ambition : ?Moi, je voudrais que l?on soit premier !?. Le président du Conseil régional peut encore trouver un autre motif de satisfaction : la Région vient de se voir confier l?autorité de gestion du nouveau programme européen d?actions innovatrices.
L?équipe US de natation à Narbonne

Narbonne débute l?été d?une manière très sportive. L?Espace de Liberté (complexe aquatique) reçoit, du 9 au 16 juillet, une quarantaine de nageurs américains (21 hommes et 19 femmes) qui viennent préparer les 10e championnats du monde qui ont lieu à Barcelone du 13 au 27 juillet. Comme en 1992, à l?occasion d?un stage pré-olympique de préparation aux Jeux de Barcelone (Karl Lewis était alors du voyage), l?équipe à la bannière étoilée choisit à nouveau la cité audoise pour se mettre en condition (adaptation au décalage horaire, à la météo?). Les entraînements des nageurs se dérouleront à huis clos mais le public narbonnais pourra les découvrir à l?occasion d?une journée portes ouvertes le 12 juillet. Tous logés dans un hôtel de la ville, les sportifs US pourraient d?ailleurs être de retour l?an prochain pour préparer les championnats du monde qui auront lieu à Majorque.
Le ciel s?assombrit au dessus de Garons

À la suite de la décision d?Air Littoral d?arrêter, au 1er juillet, deux de ses rotations entre Nîmes et Paris, faute d?avoir obtenu le soutien du FIATA* et en raison des pertes enregistrées sur cette desserte (3,5 M?/an), l?aéroport de Garons se trouvait dans une situation fort délicate. D?autant qu?avec le mouvement de grève enclenché par le personnel d?Air Midi (assistance et maintenance des avions), le 26 juin, pour alerter sur la perte de 40 % de son CA, tout trafic était impossible sur le tarmac. Denis Volpilière, président de la CCI nîmoise (en charge de la gestion de l?aéroport) se refusait pourtant à tout catastrophisme. Il continuait à croire aux compagnies ?low costs? (Ryanair mais aussi Flyeco) pour permettre de redresser la barre. Et appelait les collectivités territoriales à la rescousse pour aider la plate-forme aéroportuaire à sortir de cette (très) mauvaise passe?
*Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien.
Le point sur la décentralisation de moyens

À Montpellier le 19 juin, Patrick Devedjian, ministre délégué aux Libertés Locales, a fait le point sur le dossier de la décentralisation, sous l?angle financier notamment. Il a rappelé que ?les Régions sont les collectivités qui disposent de la plus faible part d?autonomie financière (entre 33 et 37%)?. Le gouvernement envisage donc, pour leur permettre d?exercer leurs compétences nouvelles, de leur céder une part de la TIPP (taxe sur les carburants), de l?ordre de 3 à 4 Md? sur les 25 Md? qu?elle génère chaque année. ?Les Régions auraient la capacité d?en moduler le taux autour d?un taux fixé par l?Etat, de l?ordre de + ou ? 20 %. Ce qui, à la pompe, n?aurait qu?une incidence d?environ 1 centime par litre?, a assuré le ministre. Quant à Jacques Blanc, il s?est déclaré ?conforté dans sa détermination et sa conviction que si on ne décentralise pas certains dossiers, on n?arrivera pas à répondre aux besoins?.
Développer l?éolien sans brasser d?air !

Comment développer l?éolien dans la région la plus ventée de France, sans susciter querelles permanentes et conflits d?intérêts, comme c?est le cas depuis 2 ans en Languedoc-Roussillon ? La mise en place d?un ?schéma régional éolien? pourrait permettre de répondre à cette question. Début juin, tous les acteurs concernés par le sujet (porteurs de projets, fabricants, opposants, socio-professionnels, élus et représentants des administrations) se sont réunis pour créer un comité de pilotage de ce ?schéma? unique en France. Ils ont décidé la mise en place de 4 groupes de travail (?paysages et espaces naturels?, ?développement économique et développement local?, ?réseau électrique? et ?information/sensibilisation?) ainsi que la réalisation de 2 sondages d?opinion, l?un pour déterminer l?impact du ?schéma éolien? sur le tourisme, l?autre pour montrer l?incidence de l?éolien sur le secteur viticole. ?L?idée est de savoir si l?image des éoliennes, associée à celle d?une destination vacances ou d?un vin, sert ou dessert l?image du produit?, explique-t-on à l?Agence méditerranéenne de l?environnement, chargée du suivi de l?opération. Enfin, une 3e enquête sera réalisée pour connaître l?impact sur les prix de l?immobilier et du foncier. Les premiers résultats de ces études devraient être connus en septembre.
Wakeskate : la Grande-Motte sur la vague !

Avis aux ?riders? en mal de neige ou en attente de vagues, le wake est là ! La Grande-Motte honore ce sport de glisse en pleine expansion en accueillant, du 22 au 24 août sur l?Étang du Ponant, les premiers championnats EAME (Europe, Afrique, Moyen-Orient) de wakeskate. Dérivé du snow-board et du surf, le wake est une discipline très spectaculaire proche du ski nautique, mais souvent qualifiée de plus accessible. Les pieds sur la planche sans fixation, le ?rider? effectue deux passages (?runs?) afin de réaliser un maximum de figures (5 à 6) qui sont notées selon des critères ?d?intensité?, ?d?exécution? (le style) et de ?composition?. Utilisant des ?modules? (tremplins), le concept reprend aussi celui du skate. Ce qui rend la discipline spectaculaire, mais aussi les chutes douloureuses ! Après le FISE, le Mondial du Vent et le championnat de wakeskate, la région s?affirme donc comme l?un des ?spots? incontournables pour les amateurs de glisse.

En bref
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C?est le nombre d?entreprises que la Technopole Nîmes Rhône Camargue a aidé à créer ou à s?implanter sur les arrondissements de Nîmes et du Vigan depuis 5 ans, représentant 2 134 emplois. Pour la seule année 2002, NRC Technopole a facilité l?installation de 19 entreprises représentant 536 emplois.

8,5 millions d?euros
C?est le montant du chantier de réhabilitation des Dames de France à Perpignan. À l?automne 2004, le bâtiment accueillera la FNAC (sur 1 950 m2) et un centre commercial rebaptisé ?les Dames de Catalogne? qui permettra la création d?une centaine d?emplois.

Sabaté = Oeno
Les actionnaires du groupe Sabaté Diosos, réunis en assemblée générale mixte le 18 juin, ont approuvé le changement de nom du groupe, qui devient Oeneo. Gérard Epin, P-DG d?Oeneo, s?est d?ailleurs déclaré ?convaincu du fort potentiel de rebond de l?action? du groupe, au motif qu?il reste ?le 1er acteur mondial de la tonnellerie pour le vin, et le 2e acteur mondial du bouchage des vins?. Le groupe estime toutefois que le niveau d?activité de l?année 2003 devrait être inférieur à celui de 2002. Aussi une partie des actionnaires s?était-elle engagée, fin juin, à injecter une dizaine de millions d?euros dans le capital de l?entreprise. En outre, à l'occasion de Vinexpo 2003, le groupe a célébré le 4 milliardième exemplaire de son bouchon Altec.

Éoliennes panoramiques
La société biterroise SIIIF Energies du Midi espère attirer 60 000 touristes par an grâce à son projet de parc éolien dans l'Aude. Outre une cinquantaine d'éoliennes de 2,5 MW, implantées sur le plateau de Villesèque Corbières en Méditerranée (investissement de 150 M?), elle prévoit aussi la construction d'une éolienne panoramique de 60 mètres de haut. Equipée d'une plate-forme vitrée, elle permettrait à 19 personnes d'admirer la vue sur la mer, les Pyrénées et les Corbières. Le volet touristique (?Terra Eolica?) coûterait 6 M?, incluant un bâtiment consacré aux énergies renouvelables. Porté par la communauté de communes, ce projet pourrait aboutir en 2005 s'il obtient tous les accords nécessaires.

Mitjavila lauréat
Raymond Mitjavila, président du groupe du même nom, a été désigné ?manager de l?année 2003? par le magazine Le Nouvel Economiste. Spécialisé dans la fabrication de stores, le groupe basé à Rivesaltes (P.-O) emploie 960 personnes et a réalisé, en 2002, un CA de 106M?. Coup de c?ur du jury également pour Laurent Costes (président de Systemlog, Montpellier, spécialisée dans les logiciels pour les PME du bâtiment) et prix de l?initiative locale pour Pierre Mirc, président du groupe Sieur d?Arques (Limoux).

Soldes d? été
Le préfet de Région a finalement retenu une date unique pour le déroulement des soldes d?été en Languedoc-Roussillon : du 2 juillet au 12 août. Le choix de cette période permet d?avoir une même date de Toulouse à Marseille. Elle a aussi le mérite de concilier les intérêts des professionnels. Pour mémoire, le patron du Polygone (Montpellier), appuyé par la CCIM, avait crié à la ?concurrence déloyale? quand le Gard prévoyait de démarrer une semaine avant l?Hérault. Il craignait une évasion de la clientèle montpelliéraine vers Nîmes? Le voilà rassuré !

Foulard Islamique
Jacques Domergue, député UMP de l?Hérault, et Yvan Lachaud, député UDF du Gard, ont été nommés membre de la Mission d?information sur la question des ?signes religieux à l?école?. Présidée par J.-L. Debré, elle est composée de 30 parlementaires de toutes tendances et sera menée en étroite liaison avec le ministre de l?Intérieur. Mission : auditionner associations, responsables des communautés religieuses et partis politiques afin de déterminer s?il y a lieu de légiférer ou non sur le port du voile.